Comment exprimer l’indicible ?
Intégrer que ceux-là mêmes censés nous protéger nous ont agressé.e ?
L’inceste est indélébile mais les associations de victimes accomplissent un travail salutaire.
Pourtant, le sujet reste tabou en France, ce qui isole encore plus les victimes en rendant leur travail de reconstruction plus difficile.
« Les yeux de mon père » est un projet qui cherche, à travers les arts du court, du clip et de la musique, à sensibiliser la société au drame de l’inceste, afin de libérer la parole et agir pour protéger les enfants et toutes les victimes.
Clémence et Constance, deux sœurs que tout oppose, se retrouvent au chevet de leur père, victime d'un AVC. Ces retrouvailles seront l'occasion pour elles de se confronter à leur enfance meurtrie par l'inceste.
Produit, écrit et réalisé par Rose de Bazouges
Avec Hermine Savary, Rose de Bazouges, Valérie Lafond, Anne Caillet, Sophie Planté et Serge Roux
Court-métrage fictif d'une vingtaine de minutes né de la volonté d’aborder un thème encore tabou, celui de l’inceste, à travers une mise en parallèle du parcours post-traumatique de deux sœurs.
Parler de l’inceste, c’est parler de la famille comme un groupe non pas protecteur mais destructeur.
Il s’agit de montrer d’une part que les effets de l’inceste sont propres à chaque victime, et ce, même au sein d’une fratrie, et d’autre part que l’inceste du père représente une forme de violence bien spécifique, liée notamment au statut patriarcal au sein de la famille et plus largement au sein de la société.
En prenant en otage le spectateur, le court-métrage lui montre un drame humain qui reste toutefois d’une cruelle banalité, à travers une mise en scène esthétisée empreinte de l’univers des contes de fées.
Traiter l'inceste dans un univers esthétisé est un parti pris qui sert à montrer que l'on ne porte pas forcément ses drames sur soi.
Deux sœurs ouvrent la porte de leur maison de vacances, lieu de leur enfance meurtrie par l'inceste. Leur âme d'enfant prisonnière d'une poupée désarticulée va prendre son envol vers la liberté.
Produit et réalisé par Rose de Bazouges
Danseuse : Athalie Haubois Egeler
Chanson interprétée par Comète
Paroles : Rose de Bazouges
Musique : Comète & Shawondasee
La chanson est le fil d’ariane entre le court-métrage et le clip : générique du premier, bande-son du second.
Le parti pris de Rose de Bazouges avec ce texte était de faire parler l’enfant qui sommeille en chaque victime d’inceste, tout en trouvant un délicat équilibre entre la pudeur et la force du message.
Innocence, sidération, effroi et incompréhension s’entrechoquent dans l’esprit d’une victime d’inceste.
La chanson co-composée et réalisée par Shawondasee et Comète, dont la voix cristalline se met au service de ce texte fort tout en pudeur.
Ma maison de poupée est cassée,
J'ai demandé à papa de la réparer,
Il m'a dit que j'avais grandi,
Et que tout ça c'était fini,
Je me suis alors regardée dans le miroir,
La petite fille en moi hurlait de désespoir,
Papa, papa pourquoi tu m'as fait ça?
Papa, papa pourquoi tu m'aimes comme ça?
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?
Papa, papa je pars ne t'en fais pas!
La petite fille n'a pas grandi,
Et n'aime toujours pas la vie,
Je suis une poupée sans tête,
Un arc-en-ciel sans couleur,
Tout est à recommencer,
Un jour peut-être ressurgira le passé,
Papa, papa pourquoi tu m'as fait ça?
Papa, papa pourquoi tu m'aimes comme ça?
Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?
Papa, papa je pars ne t'en fais pas!
Ses yeux sont remplis d'une sombre lumière,
Le voile de la mort les a couverts,
Je ne les verrai plus je les efface déjà,
Même s’ils resteront en moi,
Papa, papa pourquoi tu m'as fait ça?
Papa, papa je pars ne t'en fais pas !
L’inceste est un fléau de santé publique, qui selon le sondage "Les Français face à l'inceste" mené en 2009 par l’AIVI (Association Internationale des Victimes de l’Inceste), toucherait 3% de la population, soit 2 millions de Français.
De plus, 1 Français sur 4 connaît au moins 1 victime dans son entourage.
Le père est le premier agresseur incestueux, viennent ensuite le frère et le grand-père.